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Avis Masterworks : j’investis 1 600 € dans des oeuvres d’art

16 avril 2025 par
Baptiste Verger

Satisfaction : ​​​
Rendement potentiel : ​​​
Risque associé : ​Élevé
Horizon d'investissement : 1 à 10 ans

Résumé

Points forts de Masterworks

  • Un ticket d’entrée ultra accessible (20 $ seulement)
  • Un entrepreneur passionné et expérimenté (Scott Lynn)
  • Une base de données exceptionnelle
  • Des performances nettes positives sur toutes les œuvres revendues à ce jour


Points faibles de Masterworks

  • Très faible liquidité pour les investisseurs non américains (pas d’accès au marché secondaire)
  • Nécessité de participer à un appel téléphonique en anglais pour accéder à la plateforme
  • Durée de détention longue (1 à 10 ans) sans garantie de revente


Logo Masterworks imprimé sur papier


Contexte

Après les montres et le vin, voici un autre classique des investissements tangibles : l’art contemporain ou art Blue-Chip. Un univers qui, jusque-là, ne m’a jamais vraiment captivé. Peut-être à cause de cette image un peu “boring” que j’en ai toujours eue. Parcourir une exposition dans un musée ou une galerie ne m’a jamais procuré d’émotion particulière, et je n’ai jamais ressenti cette fascination que certains éprouvent devant une toile. Pourtant, je veux comprendre ce qui peut pousser certains à passer des heures devant une œuvre, ou encore ce qui justifie plusieurs millions d’euros pour une banane scotchée à un mur blanc.


Banane scotchée au mur


C’est là que l’investissement ajoute une motivation et un véritable enjeu à apprendre. S’intéresser, comprendre, se constituer un réseau de spécialistes… Tout cela crée naturellement de nouvelles opportunités.


On parle tout de même d’un marché de 70 milliards de dollars en 2023, où la valeur des objets de collection détenus par des particuliers dépasse les 2 000 milliards de dollars (Deloitte Art & Finance Report). Un marché étonnamment liquide, où 80 % des œuvres détenues par les marchands sont revendues en moins de deux ans.


Des maisons d’enchères comme Christie’s et Sotheby’s, aux galeries influentes comme Gagosian, Perrotin ou Hauser & Wirth, en passant par les collectionneurs privés, ce marché repose sur de nombreux acteurs et multiples canaux de revente. Il était temps de trouver un moyen de se joindre à la partie – et peut-être, qui sait, comme pour les montres, y prendre goût.


Vente d'art contemporain chez Sotheby's


Après une analyse des différents acteurs comme Matis, Konvi, Splint Invest ou encore Artex, j’ai décidé de faire mes premiers pas dans ce monde avec Masterworks.


Masterworks, qu’est-ce que c’est ?

Masterworks est une plateforme américaine fondée en 2017 et spécialisée dans l’investissement fractionné d’œuvres d’art. Son objectif est de rendre financièrement accessible l’accès à ce marché en permettant, à tous les profils d’investisseurs, d’acquérir des parts de tableaux signés par les plus grands artistes de l’histoire.


Aujourd’hui, près d’un million d’investisseurs (985 127 précisément) ont rejoint la plateforme pour diversifier leur portefeuille avec ces actifs alternatifs. Masterworks possède un catalogue impressionnant de 450 œuvres, incluant des peintures de Basquiat, Banksy, Picasso, Warhol, et a déjà revendu 23 tableaux avec profit, redistribuant plus de 61 millions de dollars à ses investisseurs.


Banksy et Basquiat sur Masterworks


Chaque année, la plateforme analyse 15 000 œuvres d’art pour cibler celles avec les meilleures potentiels d’appréciation. Pour y arriver, ils ont créé la base de données la plus complète du marché. C’est ce qui leur permet aujourd’hui d’identifier rapidement les tendances et les opportunités.


Depuis mon inscription, j’ai vu défiler de nombreuses signatures prestigieuses proposées à l’acquisition comme Claude Monet, Yayoi Kusama, Cecily Brown, Pierre Soulages et George Condo. Dans la grande majorité, de grands maîtres classiques ou figures incontournables de l’art contemporain qui appartiennent à la catégorie "Blue Chip". C’est-à-dire, des artistes de renommée internationale dont les œuvres sont particulièrement recherchées. Cette notoriété de l’artiste offre un marché plus liquide et donc idéal pour de l’investissement.


Note : Au delà d’être un outil d’investissement unique et très bien structuré, Masterworks est aussi reconnu pour être une véritable mine d’information du marché de l’art. Leur maîtrise des données en fait un outil indispensable pour tout investisseur intéressé par cette thématique. Contrairement à d’autres catégories d’investissement, l’Art manque cruellement d’indicateurs de suivi des performances du marché et des artistes. Le seul indice que je connaisse est l’Artprice100© mais les mises à jour sont beaucoup trop rares.


Comment fonctionne Masterworks ?

La plateforme est spécialisée dans l’achat et la revente d'œuvres Blue Chip. C’est-à-dire des pièces très demandées réalisées par des artistes du top 100 mondial (classement Artprice100©). Les équipes de Masterworks les acquiert via les grandes maisons de ventes aux enchères (Sotheby’s, Christie’s), des galeries renommées ou des collectionneurs privés.


Chaque acquisition est soigneusement sélectionnée grâce à l’analyse approfondie basée sur leur propre base de données de 24 000 marchés artistiques (artistes, périodes, type d’art, zones géographiques, et lieux de vente). De cette recherche, ils ne retiennent que 3 % des œuvres les plus prometteuses sur la base de données historiques (statistiques des ventes passées, records de l’artiste, dynamique du marché, etc.).


Base de données de Masterworks


En moyenne, une nouvelle œuvre est proposée tous les 4 à 5 jours. Lorsqu’une œuvre est vendue, Masterworks paye les frais de transaction, puis la société associée est liquidée et les profits nets sont redistribués aux actionnaires en fonction du nombre de parts détenues.


Note : Masterworks a la particularité d’être une entreprise très active. La plateforme acquiert de nouvelles œuvres chaque semaine et a toujours quelque chose à vous proposer. Même si c’est très intéressant d’un point de vue de l’expérience utilisateur, cela m’interroge sur la qualité de la sélection. Sur cette aspect, j’ai une préférence pour la stratégie de matis.club qui repose sur l’acquisition d’œuvres anormalement sous-évaluées par leurs vendeurs, permettant ainsi de réaliser une performance dès l’achat et de revendre plus rapidement. À l’inverse, Masterworks adopte une approche plus patrimoniale, misant sur l’appréciation progressive de la valeur des artistes sélectionnés à long terme.


Le montage utilisé

Comme toujours, faisons un petit détour en coulisses, du côté technique, pour comprendre comment le fractionnement d'œuvre d’art est possible.


Pour permettre aux investisseurs d’acquérir des parts d’œuvres d’art avec un ticket d’entrée aussi faible, Masterworks utilise une structuration juridique bien spécifique. Pour chaque œuvre mis en ligne sur le site, une société indépendante est créée sous la forme d’une LLC (Limited Liability Company) dans l’État du Delaware aux Etats-Unis. Cette société émet ensuite des actions ordinaires, qui sont déclarées auprès de la SEC (l’autorité américaine des marchés financiers) sous le régime de la Regulation A (cadre réglementaire permettant aux entreprises de lever des fonds auprès du public sans s’enregistrer comme société cotée en bourse et avec des formalités allégées).


Montage financier utilisé par Masterworks


Une fois l’offre de titres validée, la société dédiée utilise les fonds levés pour acquérir une œuvre unique. La propriété de l’œuvre est ensuite transférée à une société de portefeuille basée aux îles Caïmans (cadre réglementaire favorable et fiscalité avantageuse), spécifiquement structurée pour protéger cet actif exotique. La société émettrice n’a aucune dette, aucun autre actif, et aucune activité en dehors de la gestion, de la détention et de la revente de l’œuvre d’art.


Grâce à ce montage, chaque œuvre devient une entreprise indépendante, et les investisseurs peuvent acheter des actions de cette société, correspondant à des fractions de l’œuvre, vendues 20 dollars l’unité. Masterworks assure la gestion de l’investissement et prend en charge tous les frais opérationnels en échange d’une part des actions émises.


Les étapes pour investir sur Masterworks

Comme pour toute plateforme d’investissement, l’inscription sur Masterworks passe par plusieurs étapes légalement obligatoires. En général, il suffit de remplir un questionnaire visant à déterminer votre profil d’investisseur et à tester vos connaissances financières. Mais la particularité de Masterworks, c’est que j’ai dû réaliser ces démarches lors d’un entretien téléphonique en anglais. Cet appel était obligatoire pour débloquer mon accès et me guider dans mon premier investissement. Si cette pratique est toujours en place, elle peut être contraignante pour ceux qui ne maîtrisent pas l’anglais. Dans ce cas, mieux vaut se faire accompagner par quelqu’un à l’aise avec la langue.


Lors de cet échange, mes interlocuteurs m’ont fait des recommandations et suggéré un montant d’investissement basé sur mon patrimoine. Mais rassurez-vous, vous restez libre d’investir seulement 20$, ce qui vous permet d’accéder à la plateforme sans engagement important. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, préférant prendre mon temps avant de m’engager davantage.


Interface de Masterworks


Une fois votre compte validé, vous pouvez explorer les œuvres disponibles, consulter les données associées à chaque vente, puis sélectionner celles qui vous intéressent. Il ne vous reste plus qu’à effectuer votre paiement ou virement, et attendre la fin de la collecte pour devenir copropriétaire de l’œuvre d’art choisie.


Le marché secondaire de Masterworks

Les échanges de parts sur Masterworks passent par une plateforme de trading alternative (PPEX ATS) opérée par North Capital, un courtier agréé. Ce marché secondaire fonctionne sur le principe de “limit orders”, où acheteurs et vendeurs fixent un prix et une quantité.

Pour y accéder, il faut :

  • Attendre 90 jours après la clôture finale de votre 1er investissement.
  • Ouvrir un compte de courtage via North Capital
  • Passer des vérifications KYC/AML
  • Déposer de l’argent sur ce compte pour passer des ordres.


Interface du marché secondaire de Masterworks


Cette place de marché reste réservée aux investisseurs américains et présente une liquidité limitée : il n’est donc pas garanti de pouvoir revendre ses parts rapidement ou au prix souhaité.

Pour ma part, étant résident fiscal français, j’ai accès à la plateforme mais sans la possibilité d’acheter ou de vendre via celle-ci.


Analyse fondamentale de Masterworks ?


Masterworks est-il légal ?

Oui, Masterworks est parfaitement légal et fonctionne dans un cadre réglementaire solide et encadré. La plateforme travaille en collaboration étroite avec la SEC (Securities and Exchange Commission), l’équivalent américain de l’AMF en France, autrement dit le gendarme de la bourse américaine. Chaque œuvre proposée à l’investissement fait l’objet d’un dossier d’enregistrement public, consultable sur le site de la SEC contenant l’ensemble des informations légales et financières liées à l’offre.


Dossiers d'enregistrement public de Masterworks sur le site de la SEC


Certes, la présence de structures aux îles Caïmans pourrait en rebuter certains, mais dans le cas de Masterworks, il s’agit d’un outil juridique courant pour protéger la propriété des œuvres et optimiser la fiscalité internationale, sans remettre en question la légalité ou la transparence du modèle.

Enfin, le montage utilisé — via des LLC enregistrées dans le Delaware, avec des actions émises sous Regulation A — est clairement défini et conforme aux exigences du droit américain. L’investisseur est donc pleinement protégé par la législation en vigueur, à condition de bien lire les documents d’offre et de comprendre les spécificités du produit avant de s’engager.


Profil du fondateur de Masterworks

Scott Lynn est un entrepreneur visionnaire qui a débuté très jeune dans le monde du numérique. À seulement 13 ans, il réalisait déjà des prestations pour des entreprises qui voulaient se lancer sur internet.


Scott Lynn, PDG de Masterworks.


À 19 ans, il fonde Virtumundo, une société qui lui permet de lancer Treeloot en mai 1998 avec un investissement de quelques milliers d’euros. En 3 mois, ce site devient un immense succès, atteignant 500 millions d’impressions publicitaires par mois et s’imposant comme l’un des jeux en ligne les plus populaires de l’ère dot-com. Grâce aux revenus générés, Lynn achète sa première maison et commence sa collection d'œuvres d’art, influencé par sa mère passionnée de dessin. Treeloot disparaît en 2001 et Virtumundo ferme définitivement trois ans plus tard.


Après cette première expérience liant gaming et publicité, il fonde Adknowledge, qui devient le quatrième plus grand marché publicitaire après Google, Yahoo et MSN, atteignant un chiffre d’affaires de 300 millions de dollars et employant 450 personnes.

En 2004, il crée, acquiert et revend plusieurs entreprises dans les domaines de la publicité numérique, du marketing et du contenu via son fonds v2 ventures.

En 2014, il fonde Payability, une société toujours en activité, qui a déjà avancé plus de 6 milliards de dollars aux vendeurs e-commerce.


Il crée finalement Masterworks en 2017 et siège par la même occasion au conseil d'administration de The Brooklyn Rail, une publication à but non lucratif dédiée au secteur artistique.

Malgré son succès, Lynn affirme que l’argent n’a jamais été sa motivation première, mais plutôt le plaisir d’entreprendre et d’innover.


Scott Lynn à la TV


Note : Scott Lynn a réussi à réaliser le rêve de tout entrepreneur, celui de créer une entreprise qui allie ses 2 passions qui sont pour lui l’art et l'innovation. Je n’ai aucun doute qu’il va prendre extrêmement soin de cette entreprise et s’y donner à mille pourcents. Au delà de ça, il a une capacité rare à concevoir des concepts innovants et à les transformer en succès durables.


Masterworks est-il fiable ?

Masterworks présente de nombreux gages de sérieux et de fiabilité, à commencer par la transparence de son modèle. Chaque œuvre proposée à l’investissement fait l’objet d’audits annuels réalisés par AGD Legal, un cabinet spécialisé dans le contrôle des actifs alternatifs.


En complément, la plateforme publie chaque année un rapport financier audité au 30 avril, ainsi qu’un rapport intermédiaire non audité au 30 septembre. Le portefeuille diversifié de Masterworks, quant à lui, est audité par Citrin Cooperman, autre cabinet reconnu dans le domaine.


Les œuvres acquises sont stockées dans des installations de haute sécurité, comme le Delaware Freeport ou UOVO, des entrepôts spécialisés climatisés, ignifugés et waterproof, utilisés pour conserver des milliards de dollars d’œuvres d’art. Certaines pièces sont également exposées dans des galeries ou prêtées à des musées, notamment via la Level & Co Gallery qui peut être accessible sur rendez-vous.


Level & Co Gallery à New York


La valorisation des œuvres repose sur la méthode du Fair Market Value Appraisal, couramment utilisée par l’IRS (agence gouvernementale des États-Unis qui collecte les impôts et taxes). Une équipe d’experts certifiés USPAP et de professionnels du marché de l’art évalue chaque pièce en prenant en compte l’artiste, l’état de conservation, la date de création et les ventes comparables. Ce modèle permet ainsi aux investisseurs de se positionner sur ce marché avec un ticket d’entrée très accessible.


Côté réputation, Masterworks Group affiche un score A- auprès du Better Business Bureau (BBB), la note la plus élevée décernée par cet organisme américain indépendant, qui évalue la qualité des relations clients et la conformité globale des entreprises. À ce jour, aucun scandale ni contentieux majeur n’est à signaler.


Masterworks certifié Better Business Bureau


En revanche, il est important de noter que la société Masterworks elle-même n’est pas enregistrée comme société d’investissement auprès de la SEC : ce sont uniquement les titres émis pour chaque œuvre qui sont enregistrés. Cela ne remet pas en cause la légalité de la plateforme, mais souligne l’importance de bien comprendre le cadre dans lequel on investit.


Enfin, chaque œuvre est protégée par une assurance spécialisée souscrite via Lloyd’s of London, offrant une couverture allant jusqu’à 500 millions de dollars par lieu de stockage. Pour limiter les risques, Masterworks divise sa collection entre plusieurs emplacements sécurisés.


Avec environ 250 salariés, des procédures de conservation rigoureuses, une transparence sur les états financiers et une gouvernance claire, Masterworks apparaît aujourd’hui de loin comme l’acteur le plus fiable dans le domaine de l’investissement fractionné en art.


Alternatives à Masterworks

Si Masterworks domine aujourd’hui le marché de l’investissement fractionné dans l’art, d’autres plateformes tentent de se positionner avec des approches plus ou moins innovantes. Voici un tour d’horizon des principales alternatives que je connaisse.


Matis

Arnaud Dubois et François Carbone de matis

Matis est sans doute la plateforme européenne la plus sérieuse dans ce domaine. Basée en France, elle mise sur une stratégie opportuniste : repérer des œuvres anormalement sous-évaluées pour générer une plus-value dès l’achat, avec des horizons de détention plus courts. Leur transparence, leur rigueur dans la sélection, et l’accompagnement des investisseurs en font une alternative crédible pour ceux qui cherchent une exposition plus dynamique au marché de l’art.


Konvi

Konvi permet d’investir dans une diversité d’objets de collection : montres, spiritueux, voitures et parfois des œuvres d’art. Bien que son approche soit plus large, elle manque encore de profondeur sur le segment purement artistique. Son point fort reste la facilité d’accès et la mise minimale de 250 €, idéale pour débuter. Cependant, le flou sur certains frais et la jeunesse de l’équipe nécessitent un peu plus de prudence.


Retour d’expérience sur Konvi


Splint Invest

Originaire de Suisse, Splint Invest propose un accès à divers actifs tangibles, dont l’art fait partie. Le modèle est similaire à celui de Konvi, mais avec un positionnement plus “institutionnel”. Le sérieux est là, mais la plateforme reste relativement généraliste, et l’art y est encore sous-représenté par rapport à d’autres catégories (vins, baskets, montres).


Timeless

Timeless est une plateforme allemande qui a su séduire une communauté jeune, attirée par la culture pop et les objets iconiques. On y trouve parfois de l’art contemporain, mais aussi des objets très "lifestyle" comme des sneakers ou des cartes Pokémon. Elle se distingue davantage par son expérience utilisateur gamifiée que par la qualité de ses actifs. Une solution plus ludique que patrimoniale.


Artex

Interface Artex Global Markets

Artex adopte une approche unique : créer une bourse dédiée à l’art, avec des œuvres cotées et échangeables en temps réel. Si le concept est ambitieux, il reste encore très théorique, avec peu d’offres réellement disponibles pour les particuliers. Le manque de recul, la complexité du modèle et l’absence de liquidité réelle à ce stade en font la plateforme la moins mature de cette liste.


Quels rendements espérer sur Masterworks ?


Mes opérations

À ce jour, j’ai investi 1 660 dollars sur Masterworks, répartis sur quatre œuvres d’artistes emblématiques : Banksy (x2), Andy Warhol, Jean-Michel Basquiat. Chaque part a été achetée au prix unitaire de 20 dollars, le ticket minimum par part sur la plateforme.

Je détiens actuellement :

  • 50 parts de Rat and Heart (Banksy)
  • 20 parts de Unidentified Woman (Andy Warhol)
  • 8 parts de Choose Your Weapon (Banksy)
  • 5 parts de Jazz (Jean-Michel Basquiat)


Portfolio on Masterworks


Mes performances

Pour l’instant, aucune œuvre n’a encore été revendue, ce qui explique que mon rendement net reste à 0 %. Toutefois, mon Sharpe Ratio global s’élève à 1,08, signe d’un bon équilibre entre risque et potentiel de rendement dans les choix effectués.

Sharpe Ratio Chart


Note : Mon premier investissement sur Masterworks remonte au 20 mai 2024. Depuis, la valeur de mes œuvres n’a pas encore été actualisée. J’espère que cette mise à jour interviendra prochainement, car il me semble raisonnable d’attendre une évaluation au moins annuelle pour suivre l’évolution de ses actifs, même pour du long terme.


Performances globales de la plateforme

Masterworks a communiqué les résultats de 23 reventes réalisées avec profit, et les chiffres sont impressionnants :

  • George Condo : +39,3 % annualisé
  • Albert Oehlen : +36,2 % annualisé
  • Banksy : +32,0 % annualisé
  • Cecily Brown : jusqu’à +35 %, et même +77,3 % sur seulement 259 jours
  • Yayoi Kusama : +17,6 %
  • Sam Gilliam : +33,1 %


Certaines performances sont plus modestes, mais restent positives :

  • Andy Warhol : +4,1 % annualisé
  • Jean-Michel Basquiat : +6,3 % sur trois ans


Masterworks Track Record


Ce suivi rigoureux s’accompagne d’une méthodologie d’évaluation des performances basée sur le Sharpe Ratio, un indicateur de rendement ajusté au risque. Masterworks analyse la volatilité du marché propre à chaque artiste, ce qui permet de comparer les performances en tenant compte de la stabilité des prix.


Plus globalement, l’art "blue chip" a surperformé le S&P 500 de 43 % entre 1995 et 2024, et l’art contemporain s’est montré plus performant que la plupart des actifs alternatifs entre 2001 et 2023, tout en étant faiblement corrélé aux marchés boursiers. À l’heure où Goldman Sachs anticipe un rendement de seulement 3 % par an pour le S&P, ces chiffres rappellent à quel point l’art peut jouer un rôle stratégique dans un portefeuille diversifié. Enfin, selon une étude Deloitte, 52 % des family offices voient l’art comme une protection contre l’inflation.


Performances et corrélation des marchés financiers et de l'art


Bien évidemment, comme toujours, les performances passées ne présagent pas des performances futures.


Risques


Les risques liés à l’investissement dans l’art

L’art, bien qu’il soit un actif tangible fascinant et potentiellement lucratif, reste une classe d’actifs à haut risque, notamment lorsqu’il s’agit d’investissement fractionné. Le premier risque évident est celui de la volatilité du marché de l’art lui-même : la valeur d’une œuvre peut fluctuer fortement selon les tendances, l’actualité autour de l’artiste, ou encore l’état de l’économie globale. Il n’existe aucune garantie de rendement ni de liquidité, et aucun mécanisme automatique de revente en cas de baisse de valeur.


Evolution du prix des oeuvres de Picasso

Evolution des prix des oeuvres de Picasso


Autre point à considérer : la rareté des données publiques fiables sur le marché secondaire de l’art. Contrairement aux marchés financiers traditionnels, les transactions sont souvent privées, ce qui rend les évaluations plus complexes et parfois subjectives. Cela renforce le risque de mauvaise valorisation au moment de l’achat ou de la revente.


Enfin, investir dans une œuvre d’art, même via une plateforme sérieuse comme Masterworks, signifie aussi faire confiance à un intermédiaire, qui choisit l’œuvre, la conserve, la revend et gère toute la logistique. Un risque de contrepartie existe donc toujours, même s’il est atténué par la transparence et la régulation américaine.


Les risques liés à Masterworks

Le premier risque lié à Masterworks est dans la nature même du modèle économique de la plateforme : bien que prometteur, celui-ci reste encore peu démocratisé. En cas d’échec du modèle, Masterworks précise qu’il pourrait être contraint de revendre les œuvres aux enchères, ce qui pourrait affecter la rentabilité des investissements.


Par ailleurs, il faut garder à l’esprit que les investissements sont peu liquides. En règle générale, les œuvres sont détenues pendant 1 à 10 ans, et il n’est pas garanti que vous puissiez revendre vos parts à l’issue de cette période. Le marché secondaire mis en place par Masterworks reste très limité, sans volume d’échange suffisant pour garantir une sortie rapide. Pour ma part, je n’ai pas encore eu l’occasion de tester cet espace de la plateforme.


Marché secondaire de Masterworks


Enfin, bien que la plateforme gère vos investissements, Masterworks n’a pas de devoir fiduciaire envers ses utilisateurs. Cela signifie que ses intérêts, ou ceux de son comité de direction, peuvent parfois ne pas être alignés avec les vôtres — une situation fréquente dans les modèles de détention indirecte d’actifs.


En résumé, Masterworks propose une porte d’entrée innovante vers le marché de l’art, mais cela reste un placement à long terme et peu liquide. Il est donc recommandé de n’y consacrer qu’une fraction maîtrisée (< 2 %) de son portefeuille, comme pour tout investissement alternatif.


Frais et fiscalité

Frais

Masterworks adopte une structure de frais originale, pensée pour ne pas imposer de frais directs à l’investisseur au moment de l’achat. En réalité, aucun montant n’est prélevé de votre poche : la plateforme se rémunère exclusivement en actions, ce qui signifie qu’elle détient une part de l’œuvre à vos côtés, alignant ainsi en partie ses intérêts avec ceux des investisseurs.


Deux types de frais sont à prendre en compte :

  1. Une commission de gestion annuelle de 1,5 %, qui couvre notamment les coûts liés à la sécurité, l’assurance, la conservation et la gestion administrative. Plutôt que de vous la facturer directement, Masterworks s’attribue 1,5 % d’actions supplémentaires chaque année, ce qui dilue légèrement votre part dans l’œuvre au fil du temps.

  2. Une commission de performance de 20 % sur les profits nets générés lors de la revente de l’œuvre. Autrement dit, si l’œuvre est vendue avec plus-value, 20 % de ce bénéfice brut sont conservés par la plateforme, le reste étant redistribué aux investisseurs.

Pour illustrer ce mécanisme, imaginons une offre initiale de 1 000 parts : après 10 ans, avec l’ajout annuel de 1,5 % de parts, le total atteint environ 1 160 parts, dont Masterworks détient environ 13,8 %. Cela représente l’équivalent cumulé des frais de gestion sur 10 ans, sans que vous ayez à payer quoi que ce soit directement.


Ce modèle a l’avantage de rendre l’investissement accessible et fluide, mais il faut garder à l’esprit qu’il réduit mécaniquement votre part dans le rendement final. La performance nette que vous percevrez est donc déjà diminuée de ces deux commissions.


Frais spécifiques aux investissements récurrents

Pour les utilisateurs optant pour un plan d’investissement programmé (Investment Plan), des frais mensuels fixes s’appliquent selon le montant investi :

  • Moins de 500 $ : 1 $ / mois
  • De 501 $ à 2 500 $ : 2 $ / mois
  • Plus de 2 500 $ : 4 $ / mois


Ces frais sont cumulés chaque mois et prélevés en fin d’année (ou à la clôture du contrat le cas échéant). Ils ne concernent que les investissements automatisés via le plan récurrent, et non les investissements manuels classiques.


Fiscalité

Investir sur Masterworks en tant que non-résident américain ne génère aucune obligation fiscale directe aux États-Unis, tant que vous ne percevez pas d'autres revenus aux États-Unis. Autrement dit, vous n’avez pas à déclarer ou payer d’impôt aux États-Unis uniquement parce que vous détenez des parts d’œuvres via la plateforme.


Par ailleurs, les structures juridiques mises en place par Masterworks (LLC, CFCs et PFICs) remplissent directement les obligations déclaratives auprès de l’administration fiscale américaine, notamment via les formulaires 5471 et 8621. Cela signifie que, en tant qu’investisseur français, vous n’avez pas à remplir ces formulaires vous-même, ce qui simplifie considérablement les démarches.


Formulaire 5471


Cependant, vous restez soumis à la fiscalité française sur les plus-values éventuelles réalisées lors de la revente des parts. Il est donc obligatoire de bien intégrer ces investissements dans votre déclaration de revenus et évaluer les éventuelles impositions selon votre situation personnelle.


En résumé, Masterworks limite l’exposition fiscale à l’international, mais votre fiscalité locale prime : mieux vaut anticiper et se faire accompagner pour investir sereinement.